lundi 14 janvier 2013

Du papier au tissu

Suite du feuilleton "Naissance d'un patron" :
Introduction : "Poussez la porte de l'atelier ..."
1er épisode : "Patronnage - 1ère étape"
 
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Merci pour vos gentils messages et vos encouragement ; je vois que ce feuilleton en captive plus d'une ...!

Après un démarrage plutôt limpide (ce qui est souvent le cas lorsque je suis dans la phase "jetons nos idées sur le papier"), voilà que les choses se corsent ...
Au moins une fois (mais souvent plus !) pour chaque modèle, je me trouve confrontée à des "contraintes techniques" que je n'avais évidemment pas anticipé lors de la conception purement théorique du vêtement.

Objectif d'aujourd'hui : la conception de la doublure de la robe.
La doublure permet de réaliser une jolie finition du vêtement, y compris sur l'envers ; elle est par ailleurs nécessaire dans le cas d'un vêtement chaud (pour passer plus facilement le vêtement et pour ne pas porter le lainage à même la peau).
Elle peut doubler la totalité du vêtement ou seulement une partie, ce qui est souvent le cas pour une robe.

Dans notre cas, l'empiècement de la robe seulement sera doublé. La doublure doit donc être l'exacte réplique du haut de la robe.



Au passage, j'en profite pour répondre aux questions de certaines sur cet instrument bizarre qu'est le pistolet ou perroquet (terme que je préfère, car moins belliqueux !) de couture.
Il s'agit d'une règle courbe qui permet de dessiner sans trembler les encolures, emmanchures et autres tracés courbes d'un patron.
Tout son art consiste à savoir utiliser la bonne partie de l'instrument pour telle ou telle courbe, ce qui ne coule pas de source au départ. Je me souviens de mes premiers pas en cours de modélisme où je ne comprenais pas comment ma prof pouvait sans hésiter une seconde positionner son perroquet au bon endroit ! Maintenant, après de nombreuses heures d'"apprivoisement", je me surprends à jouir de la même aisance qui me fait gagner un temps précieux.
 
Mais revenons à nos moutons. Seul point de détail à travailler pour notre doublure : l'association doublure-patte de boutonnage simplifiée (car oui, j'aime bien vous simplifier les choses !).
Ce n'est pas encore bien méchant, mais comme j'ai une piètre vision dans l'espace, j'ai souvent un peu de mal à prévoir les petits détails avant de les avoir testés ! Et ça n'a pas manqué ... premier essai non concluant puisque je me retrouve avec une ouverture dos on-ne-peut-plus disgracieuse !


Pas de panique, il ne s'agit que d'une petite marge de couture en trop. Modification faite et on obtient le patron en photo ci-dessus.

Nous voilà avec un patron complet. En avant pour la conception de la toile !

La réalisation d'une toile est indispensable pour tester le patron "grandeur nature" et prévoir les ajustements qui ne manquent jamais de s'imposer.
On peut utiliser un tissu ordinaire appelé "toile à patron" ou toute cotonnade qui ne risque pas de fausser le tombé et la coupe du vêtement. Comme la "toile à patron" est (très étrangement) devenu un produit quasi de luxe vu son prix, je lui préfère désormais de la toute simple toile à drap.
Le but n'est pas de faire un beau vêtement, mais une simulation la plus fidèle possible au résultat recherché.
Et effectivement, l'étape de la toile coïncide le plus souvent avec un moment de léger désappointement, car non seulement le résultat n'est la plupart du temps pas des plus esthétiques (à cause de la qualité du tissu), mais surtout elle constitue l'inévitable stade de la confrontation avec le réel...
" Ah bon ??? La merveilleuse idée que je mûris dans ma tête depuis des semaines et des nuits, c'est ça ... ??!!"

Après quelques minutes de prostration (si si, je vous assure !), on se reprend, on fait la part des choses, on passe la bestiole sur un mannequin vivant qui va l'égayer un peu, et on procède aux diagnostic et ajustements (ampleur de la robe, forme de l'encolure, longueur, taille des emmanchures etc.)

Ici, une réserve sur la taille des pattes d'épaule, et sur l'ampleur de la taille trapèze que je souhaiterais un peu plus marquée. il faut également agrandir l'ouverture dos.

On reporte ces modifications sur le patron, et si celles-ci ne constituent pas une transformation majeure, on peut passer directement au prototype : ouf !




Après moult hésitations sur le choix du tissu et quelques heures d'assemblage plus tard, la bonne humeur est généralement de retour, d'autant que mes mannequins ne manquent jamais de manifester leur enthousiasme devant mon travail qui va (enfin) rejoindre leur garde-robe.

Mais comme je suis joueuse et que je ne veux pas totalement défleurir le sujet avant la sortie du patron, vous n'aurez aujourd'hui le droit qu'à un petit aperçu (oui je sais, c'est cruel !)



Mon Dieu que je suis bavarde, et l'histoire n'est pas terminée...
 Il va falloir que je mette un sacré coup de collier si je veux terminer mon histoire avant la sortie du patron !!

La prochaine fois, vous aurez droit au patronage de la 2ème version de notre futur modèle...

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5 commentaires:

  1. c'est passionnant mais ça ne résoud pas tout, parce qu'une cotonnade ne se comporte pas du tout comme un lainage, et là, Mme Gasparine a l'oeil, tout de même...
    ...même si elle ne voit pas bien dans l'espace (ce qui me rassure: c'est donc normal que ça coince à chaque fois que j'essaie de prendre des libertés avec les patrons!)
    Je comprends aussi pourquoi tu pars, cette fois, du 8 ans...élémentaire, mon cher Watson!

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  2. Merci, merci pour toutes ces explications sur le fameux pistolet. C'est passionant de voir la naissance d'un modèle, passer de l'esprit au papier puis à la toile et enfin à l'étoffe finale, je suis admirative.

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  3. C'est dur d'être désapointée après des heures de travail .. . et ça l'est encore plus quand la couturière part d'un patron qu'elle suppose bien taillée!! Merci des heures passées pour nous sur la confection d'un patron pour éviter ces déconvenues ...!!!

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  4. passionnant!!! quel travail!!! et quel travail aussi de nous traduire tout ça!!! merci!

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  5. C'est toujours très intéressant cette conception envers du décors.

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